Marie Denise Pelletier – Léveillée, entre Claude et Moi

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MARIE DENISE PELLETIER –   LÉVEILLÉE, ENTRE CLAUDE ET MOI

 

COURTE DESCRIPTION DU SPECTACLE

Campé dans l’atmosphère des années 60 et mis en scène par Serge Postigo, le nouveau spectacle de Marie Denise Pelletier rend hommage à Claude Léveillée et traite du rapport qu’a eue la chanteuse avec l’artiste. Accompagnée de quatre musiciens sous la direction musicale du pianiste Benoit Sarrasin, Marie Denise Pelletier interprète les chansons de son album ‘’Léveillée, entre Claude et moi ‘’ et d’autres du large répertoire de Claude Léveillée qui lui sont significatives et raconte ses rencontres avec cette homme tendre et passionné. Un spectacle qui ravira les fans de Marie Denise Pelletier ainsi que ceux de Claude Léveillée.

Marie Denise Pelletier – voix
Benoit Sarrasin – directeur musical et piano
Marc Papillon – clavier et violon
Frédéric Grenier – contrebasse
Greg Ritchie – batterie

Mise en scène – Serge Postigo
Conception d’éclairage – Matthieu Larivée et Jean-François Daoust

Sonorisateur – Stéphane Dubé
Éclairagiste – Jean-François Daoust

Production – Les disques de la cordonnerie

Marie Denise Pelletier à l’Outremont: le plus bel écrin La chanteuse Marie Denise Pelletier pousse la note quand il faut, et seulement quand il faut. Sylvain Cormier 23 février 2018 CRITIQUE On le sait tout de suite : ce spectacle sera réussi. Tout concorde, c’est l’évidence, d’emblée. Le bon répertoire pour la bonne interprète. Le bon lieu pour chanter du Claude Léveillée. Le bon choix pour la chanson d’ouverture : La scène. Le bon dosage dans l’instrumentation : deux pianos à queue se faisant face, comme au temps où André Gagnon et Claude Léveillée s’entrelaçaient savamment les arpèges, et un trio d’accompagnateurs discrets (contrebasse, violon ou guitare, batterie).

Tout coule de source, tout coïncide. « Il y a 29 ans jour pour jour, je faisais ma toute première rentrée montréalaise ici, au théâtre Outremont », rappelle Marie Denise, émue. Ce qui me fait penser qu’il y a 25 ou 26 ans, j’assistais pour la première fois à un spectacle de Claude Léveillée (dans le cadre du Coup de coeur francophone), et que j’avais été bien sévère dans mon papier. C’était sa période la plus déclamante, la plus habillée de synthés. La plus maniérée, pour tout dire. Je me rappelle avoir regretté de n’avoir pas connu le Léveillée plus chanteur des années 1960 et 1970, laissant au piano la meilleure place.

Gratitude envers Marie Denise Pelletier de nous ramener à cet endroit d’avant les versions trop parlées, trop théâtralisées, surjouées du Léveillée dernière époque. Merci de nous transporter au temps du Léveillée sans démesure, au service de ses admirables mélodies. C’est en cela plus qu’un spectacle hommage : c’est justice rendue, enfin, à des chansons supérieurement construites, écrites au fil du rasoir de la rime parfaite (par Gilles Vigneault, souvent). Qu’il s’agisse d’Emmène-moi au bout du monde, de Soir d’hiver ou de cette merveille méconnue qu’est Elle tournera la Terre (donnée en duo avec Luc De Larochellière, avec des harmonies qui emportent sans la moindre exagération dans l’emportement), on est ravis par ces rendus.

Chacun à sa bonne place

La justesse de ton n’enlève rien à l’émotion, bien au contraire. Marie Denise pousse la note quand il faut, et seulement quand il faut. C’est ce qu’on souhaite (et qu’on doit exiger) d’une grande interprète : savoir quand il faut retenir le flot, savoir quand il faut ouvrir les vannes. De la même façon, les musiciens ne jouent jamais pour rappeler qu’ils sont là : ils font à la fois le minimum et le maximum, toujours conscients de leur rôle de soutien, des accents nécessaires, des espaces de respiration. Benoît Sarrasin, fidèle accompagnateur de Marie Denise Pelletier, trouve dans ce spectacle la meilleure expression de son art discret : sa direction musicale, son jeu de pianiste ont du doigté, c’est le moins que l’on puisse dire. Il faut l’entendre quand il donne un échantillon des suites pour piano Léveillée-Gagnon, avec Marc Papillon. Tout le monde, en vérité, est à sa bonne place : les musiciens (Papillon, Frédéric Grenier, Greg Ritchie), le metteur en scène Serge Postigo, jusqu’au théâtre qui se révèle instrument autant qu’écrin.

Oserai-je l’écrire ? Dans cette proposition, c’est la voix enregistrée de Léveillée et celle de Piaf qui sont de trop. Étaient-ils nécessaires au fil narratif du spectacle ? Non. On n’a pas vraiment besoin de fantômes, mêmes ceux-là : les chansons vivent, exultent au présent, et c’est bien suffisant.

Car c’est Marie Denise Pelletier que l’on doit célébrer le plus vivement. On l’a trop peu vue et entendue ces dernières années, et elle trouve en Léveillée des chansons dignes d’elle : les interprètes ont besoin d’envergure, de grandeur, d’airs au registre exigeant. Quand elle s’engage dans La légende du cheval blanc, c’est l’aventure : elle va loin parce que la chanson peut aller loin. Ça fait souhaiter que des auteurs et compositeurs lui fournissent de nouvelles chansons qui auraient aussi des ailes, et du sens, et du génie.

C’est sans doute le plus grand cadeau de ce spectacle : Marie Denise Pelletier ramène au présent l’air chansonnier à son plus haut niveau. Et ce n’est point nostalgie que le dire. C’est plutôt un appel pour l’avenir : il ne faut pas avoir peur de l’immensité dans la création.